Mardi 6 février, 7 syndicats de fonctionnaires ont appelé les agents publics à la mobilisation
- Arnaud
- 8 févr. 2018
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L’unité ou presque face à la politique du gouvernement. Sept organisations syndicales de fonctionnaires (à l’exception de l’Unsa et de la CFDT) ont décidé d’appeler à une journée d’“action, de grève et de manifestations” le 22 mars prochain. L’annonce en a été faite à l’issue d’une intersyndicale, réunie mardi 6 février au siège de la CGT.
“Plus les semaines passent, plus il se confirme que le président de la République et le gouvernement demeurent sourds aux légitimes revendications portées par les agents […]. Il est impératif et urgent de changer de direction”, estiment dans un communiqué commun la CGT, Force ouvrière, la FSU, Solidaires, la CFE-CGC, la CFCT et la FA-FP.
“Attaque du statut”
Leur mot d’ordre ? Les revendications déjà portées lors de la mobilisation unitaire du 10 octobre dernier (dégel du point d’indice, abrogation du jour de carence, juste compensation de la hausse de la CSG), mais surtout l’opposition au projet de l’exécutif de revoir le cadre statutaire des agents publics.
Annoncée lors du comité interministériel de la transformation publique, le 1er février, cette réforme à venir de la fonction publique sera discutée tout au long de l’année avec les représentants du personnel et s’articulera autour de 4 axes : la simplification et la réduction du nombre d’instances de dialogue social, une plus grande individualisation des rémunérations, l’élargissement du recours aux contractuels et l’accompagnement des agents pendant leur carrière. “C’est la goutte qui a fait déborder le vase, juge Nathalie Makarski, présidente de la fédération des services publics de la CFE-CGC. C’est une attaque en règle du statut.” À ces chantiers, vient également s’ajouter un plan de départs volontaires pour les agents touchés par les conséquences de la réforme de l’État. Un dispositif jugé “sidérant” par plusieurs représentants du personnel, bien que son contenu reste encore à préciser.
Ralliement de l’Unsa et de la CFDT ?
Ces deux organisations syndicales pourraient en effet prochainement se joindre à l’appel à la mobilisation du 22 mars.
“Nous n’avons pas l’intention de faire bande à part ou cavalier seul, assure Martial Crance, représentant de la CFDT Fonctions publiques. On ne veut pas laisser penser que pour nous, tout va pour le mieux, bien au contraire, mais il faut nous laisser du temps.” “Il faut aussi que l'on ait un débat en interne”, ajoute Mylène Jacquot, secrétaire générale de la Cfdt Fonctions publiques. Avant de prendre sa décision, son organisation syndicale attend d’“énormes précisions” de la part du gouvernement sur ses intentions à l’égard des agents publics. Des réponses qui pourraient intervenir lors des réunions bilatérales prévues dès la semaine prochaine entre les représentants du personnel et le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics, Olivier Dussopt, ou lors d’un temps d’échange “en plénière” qui devrait se tenir d’ici la fin du mois.
Même son de cloche du côté de l’Unsa Fonction publique et de son secrétaire général, Luc Farré, “favorable à une action la plus large possible” mais qui ne “veut pas se tromper”. Son organisation syndicale avait proposé, lors de l’intersyndicale, de reporter la décision de la modalité d’action après la tenue des rencontres bilatérales annoncées par le gouvernement, “sans succès” donc. Ce syndicat a désormais décidé de consulter ses “adhérents, ses sympathisants et plus largement les agents publics” sur les modalités et la forme de sa participation à une action, via une plate-forme diffusée sur son site Internet. Son bureau national devrait quant à lui prochainement se réunir pour arrêter une décision.
Pétition unitaire
“Pour autant, nous n’allons pas éternellement les attendre pour dire non au projet de démantèlement du gouvernement”, juge un leader syndical présent à l’intersyndicale du 6 février et selon qui “l’ambiance y était très bonne et sans aucune tension entre les organisations syndicales autour de la table”. Pour “contribuer à la réussite de cette journée”, les 7 syndicats signataires de l’appel à l’action envisagent également de diffuser une pétition, dont le contenu devrait être arrêté lors d’une prochaine réunion intersyndicale, le 21 février.
“À cette occasion et afin de préciser notre stratégie, nous ferons le point sur le contenu des réunions bilatérales avec le secrétaire d’État”, précise Bruno Collignon, président de la Fédération autonome de la fonction publique (FA-FP).
Dans tous les cas, la mobilisation a “vocation à durer dans le temps […], ce n’est pas seulement un one shot”, ajoute Denis Turbet-Delof, de Solidaires Fonction publique, qui a notamment dans le viseur les arbitrages gouvernementaux sur la réforme de l’État prévus pour le printemps.
Crédibilité en jeu
Quoi qu’il en soit, la réussite de la mobilisation du 22 mars revêt une importance cruciale pour les syndicats de fonctionnaires, en cette année d’élections professionnelles (prévues le 6 décembre) propice certainement aux joutes verbales entre les organisations syndicales elles-mêmes.
“Appeler à la grève, c’est facile, réussir une mobilisation, c’est une autre paire de manches”, reconnaît un représentant du personnel. Si la mobilisation du 22 mars était inférieure à celle du 10 octobre dernier, “notre crédibilité, tant auprès des agents publics qu’auprès du gouvernement, serait profondément impactée”, juge un autre leader syndical.
Pour rappel, la journée d’action du 10 octobre 2017 avait vu défiler dans la rue 209 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur et 400 000 selon la CGT. Les taux de participation des agents publics avaient quant à eux atteint 13,95 % dans la fonction publique d’État, 9,5 % dans la territoriale et 10,4 % dans l’hospitalière. Les organisations syndicales avaient alors revendiqué une journée de mobilisation “significative”.
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